MAI-THU PERRET
En 2020, l’artiste Mai-Thu Perret proposait pour Le Portique au Havre une exposition intitulée « Les Étangs ». Dans cette ville marquée par la reconstruction moderniste d’Auguste Perret, le Volcan (qui abrite la Scène nationale du Havre) de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer joue du contraste de ses formes organiques. Ce monument emblématique de la ville portuaire représente la source d’inspiration d’une sculpture centrale dans l’exposition : une maquette stylisée en céramique blanche. Avant la réalisation de cette œuvre, l’artiste s’était déjà penchée sur des constructions utopistes et emblématiques d’architectes femmes moins connues que Niemeyer comme Lina Bo Bardi ou Katarzyna Kobro.
On retrouve sur le site 🐛🌪🦜 des images de ces autres maquettes, aux formes simplifiées, qui capturent l’essence du geste architectural.
Chez Mai Thu Perret, la réinterprétation de formes issues de l’art et de l’architecture du XXe siècle est une manière de se pencher sur les visions et les utopies que ces œuvres véhiculent. L’artiste franco-vietnamienne conçoit ses expositions comme autant d’ensembles de fragments qui permettent aux spectateurs de s’inventer des récits ; elle est même l’auteur d’un roman épistolaire, The Crystal Frontier, qui a longtemps constitué la source fictionnelle de toutes ses œuvres.
En regard des photographies de maquettes, Mai-Thu Perret a proposé une série de reproductions d’aquarelles. Celles-ci, produites pendant le confinement de 2020 juste avant l’exposition au Havre, marquent un moment méditatif dans sa vie créative, symbolisé par un motif récurrent, le « chawan » ou bol en céramique pour la cérémonie du thé. L’artiste emploie volontairement trop d’eau : les bols et les motifs géométriques abstraits se dissolvent, évoquant peut-être le contraste, voire la lutte à mort entre les éléments naturels et nos constructions humaines – ou au contraire, la symbiose enfin atteinte entre ces deux forces ?